Il était tôt le matin. J’ouvrais sans trop y penser Facebook pour parcourir d’un œil distrait les nouvelles du jour. Quand je fus littéralement saisi par ce statut d’un ami visiblement bien remonté pour 2012 : « Voter Socialiste, c’est voter pour le Front de Gauche ».
Puis un peu plus loin, dans la discussion enflammée qui s’ensuit : « Voter Hollande, c’est voter Sarkozy ». Référence probable à la dernière sortie de Jean-Luc Mélenchon, appelant à lui le vote des vrais socialistes. C’est logique : si la vraie gauche, c’est Mélenchon, alors tout ce qui est moins à gauche que lui n’est pas de gauche, donc est de droite.
La discussion continue et s’échauffe. Sarkozy et Le Pen, c’est kif kif, alors finalement, voter Sarkozy, c’est voter Le Pen. Donc voter Hollande, c’est voter Le Pen, puisque c’est comme voter Sarkozy. Ben oui : le sarkozysme est transitif.
Mais imaginons qu’un camarade non unitaire du NPA surgisse alors. « Eh oh les amis, pas si vite ! Méluche, on sait bien qu’il est vendu aux socialistes, il essaie de nous rallier à eux avec ses mains tendues … voter Mélenchon c’est voter Hollande, il deviendra ministre de Hollande. »
Donc voter Mélenchon, c’est voter Hollande, donc Sarkozy, donc Le Pen (vous suivez toujours ?).
Et vous ne me ferez pas croire que l’on ne peut pas faire venir témoigner à la barre un dur de chez dur, un radical de Lutte Ouvrière, qui expliquera que voter pour le NPA, c’est voter pour un parti de rigolos qui ne remet pas vraiment en cause le système et qui sert de sas entre la vraie radicalité et les crypto socialistes comme Mélenchon. Bref, voter Poutou, c’est voter Mélenchon, et c’est même donc voter Le Pen (vous avez compris).
On peut ainsi, par cette belle régression potentiellement infinie, toujours montrer que voter à gauche, c’est voter à droite. Une gauche qui se définit par dénigrement d’une autre gauche est toujours la droite de quelqu’un. Démonstration par ailleurs parfaitement inversable (« voter Sarkozy c’est voter Hollande », vous dira un militant FN).
Conclusions ? Déjà, qu’il serait peut-être bon d’arrêter de se payer de mots. Ensuite, que chacun devrait balayer devant sa porte. Car les militants susceptibles d’employer ce genre d’arguments sont les mêmes qui conspuent par ailleurs celui du « vote utile ». Or ces deux arguments ont exactement la même structure : affirmer que voter pour untel, c’est en fait voter pour son pire adversaire (« toute voix qui se perdra sur Mélenchon sera une voix pour Sarkozy … voter Mélenchon c’est voter inutile, c’est voter Sarkozy »).
Un partout, balle au centre. Heu, à gauche, pardon. Vraiment à gauche.
Romain Pigenel
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11 Comments
Une question que je me pose depuis que je vous lis régulièrement, vous écrivez toujours très bien, pourquoi ne pas mettre votre plume au service de vos idées plutôt que de taper à droite et à gauche ? L’antisarkozysme/antimélanchonisme/antiantihollande ne suffira pas…
Très bon texte qui illustre parfaitement ce que d’aucuns scandaient naguère : élections, piège à cons !
Ben oui : tout ce petit monde à effets de manches est en train de préparer la réélection de Sarkozy. Bon courage…
C’est parfaitement dit. Et parfaitement juste aussi, i l suffit pour s’en convaincre de lire le savoureux courrier que les camarades de Lutte Ouvrière ont adressé il y a quelques mois à leurs camarades du NPA pour refuser une proposition d’alliance politique parce que le NPA était devenu un repère de sociaux-traîtres…
Ici : http://www.lutte-ouvriere.org/documents/correspondance-lo-npa-mai-2011/article/reponse-de-lo-au-npa
Très bon, très drôle. Celà dit, même si Hollande n’est pas de droite peut-on dire que son orientation politique est de gauche ?
Disons pour être à peu près objectif qu’il est plus centriste qu’autre chose !
Assez d’accord avec le commentaire précédent, mais pas suffisamment pour nourrir cette perpétuelle guéguerre sur le plus radical d’entre nous, tellement radical qu’il ne supporte plus rien ni plus personne.
Alors La Marine déboule, marchant au pas comme il se doit…
Juste billet !
C’est n’importe quoi.
Mélenchon n’a jamais dit que Sarkozy c’est comme Lepen, ni que voter Hollande serait comme voter Sarkozy, ce qui serait complètement ridicule.
Le reste du texte est du même tonneau.
Franchement, vous feriez mieux de vous abstenir plutôt que de pondre autant d’inepties.
Répondre à des bêtises par des bêtises plus grosses encore vous amuse peut-être mais cela ne vous honore pas, loin de là.
Pour le moment, avec le recul sur la retraite, le “donner un sens à la rigueur”, les 3% de déficit en 2013, la reculade sur la réforme fiscale, je dirais que voter Hollande c’est voter pénible. ça manque singulièrement de charme, de pep’s! Il faut nous faire rêver que diable!
Attendons le programme du candidat pour nous prononcer et surtout, ne le faites pas écrire par Manuel Valls, le chantre de la TVA sociale, SVP.
Ouai… en tout cas le programme qui me va le mieux est celui du Front de Gauche. Il est d’ailleurs le seul à avoir un programme finalisé. L’Humain d’abord ! 2€ dans toutes les bonnes librairies.
Hu hu ! C’est drôle, mais çà porte finalement que sur le commentaire « Voter Hollande, c’est voter Sarkozy ». Parce que finalement, en admettant une définition du socialisme, on pourrait bien démontrer qu’un programme l’est ou non, sans se comparer au voisin. C’est en ce sens que j’ai compris « Voter Socialiste, c’est voter pour le Front de Gauche ».
Mais soit, tout se vaut et il est vain de regarder l’assiette du voisin. A ce compte-là, le vrai vote utile contre Sarkozy et le Pen (point de comparaison ici !) n’est plus Hollande, mais Bayrou qui, lui, est autrement assuré d’avoir les voix centristes. On pourra toujours attendre les législatives pour discuter…
PS : dans votre démonstration, c’est pas le Sarkozysme qui est transitif, mais la relation binaire qui lierait les formations politiques.
ah la branlette de comptoir et le “plusradicalquemoatumeur”!
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