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La loi contre la science ?

Les faits sont simples, et quelque peu répétitifs. Un citoyen français ayant contesté l’existence des chambres à gaz est condamné et emprisonné, conformément à la loi. Une pétition est lancée pour prendre sa défense au nom de la liberté d’expression ; la signent quelques personnalités plus ou moins connues, plus ou moins douteuses, et parmi elles le linguiste altermondialiste Noam Chomsky, qui n’en est pas à sa première intervention de ce type.

On pourrait juger le débat inutile tant la liste des signataires de ladite pétition parle pour elle-même, tant aussi le sujet semble ressassé. Mais d’une part, la signature de Chomsky, très apprécié dans une certaine gauche, ne manque sans doute pas de générer quelques doutes et interrogations ; d’autre part, les annonces récentes sur la concrétisation du projet de « Maison de l’Histoire de France » du président de la République, censée renforcer l’identité nationale, risquent de remettre sur la table les polémiques sur la liberté de l’histoire face au pouvoir politique. Liberté que mettraient à mal tant les initiatives gouvernementales imposant telle ou telle lecture de l’histoire, que la loi interdisant le négationnisme.

Revenons aux textes. La pétition signée par Chomsky attaque successivement sur deux points : « la liberté d’expression au niveau de ses principes », un des « principes fondamentaux de la République française » ; la « vérité historique », dans la définition de laquelle « la loi n’a pas à intervenir » – « dans un État libre, cette fonction est celle des historiens ». Même si les deux positions se rejoignent, elles correspondent à deux niveaux d’explication différents : dans le premier cas, le droit de tout individu à penser et proférer ce qu’il veut ; dans le second, l’autorité indépendante d’une communauté scientifique sur son domaine d’étude, à savoir celle des historiens sur l’histoire. Dans les deux cas, on peut distinguer encore deux nuances : la tendance libertaire/libérale pure, défendant au nom du principe de liberté le droit inaliénable à penser et parler ; la tendance, ensuite, que l’on qualifiera de rationaliste, et qui ajoute à ce droit un pari – celui que par le libre exercice de la pensée bien mené, les bonnes idées et les « vérités vraies » chasseront les mensonges et les erreurs, et que c’est seulement ainsi que les premières triompheront réellement.

La culture française, à la différence peut-être de celle outre-Atlantique, étant naturellement assez étrangère si ce n’est rétive à la version « libertaire » de l’argument – l’existence même de la loi Gayssot et de ses suites le prouve – c’est surtout la deuxième version, celle du pari rationaliste, qui nous intéresse. Il repose au fond sur une optique tout autant libérale : une main invisible de la raison finirait par faire triompher les idées justes (comprendre : celles qui sont fondées en raison, démontrées, en cohérence avec les faits) contre les mauvaises. Toute interférence serait inutile, et même néfaste ; déclinée concrètement, cette idée conduit à dire, par exemple, que le fait de punir et d’interdire des propos racistes empêchera le débat permettant de les déconstruire, et les aidera au contraire à fleurir à l’ombre et au silence.

Pour autant, nous n’avons pas plus de preuves d’existence de cette main invisible de la raison que de son homologue bien connu, celle, fantasmée, du marché. Au contraire même, on peut trouver pléthore d’exemples – les génocides, et la Seconde Guerre mondiale notamment – où c’est au contraire une formidable puissance de déraison qui l’a emporté ; bien loin de tendre au bout du compte vers un état apaisé et rationnel de l’opinion, la totale liberté des idées débouche sur des résultats a priori imprévisibles, le meilleur comme le pire. Dans cette économie des idées on trouve aussi des monopoles, des cartels, des campagnes médiatiques qui vont contre la logique ou le rationnel. Et il est somme toute assez étrange qu’une personnalité comme Chomsky, souvent perçue comme un pourfendeur de l’ultralibéralisme, puisse en venir à prêcher pour la doctrine inverse en matière de débat intellectuel. Aveuglement sur ce point, mais aussi naïveté sur la nature réelle des « idées » ou de la « pensée » dont il s’agirait de défendre à tout prix la liberté. Les révisionnistes et autres négationnistes ne sont pas d’innocents libres-penseurs, qui s’interrogeraient sur la réalité de l’holocauste comme d’autres sur la taille de l’univers ou la vie après la mort. Leur agressivité, leur recherche de la polémique et du scandale médiatique prouve au contraire que seuls les intéressent les effets de leurs prétendues idées ; ils sont les premiers à se soustraire à l’exercice serein et idéalisé de la raison.

Un républicain, un homme de gauche, et plus largement toute personne en désaccord avec une politique rimant avec un total laisser-faire ne peuvent donc qu’approuver, à mon sens, l’idée selon laquelle une certaine régulation des idées est souhaitable. Celle-ci n’a pas à être monstrueusement contraignante ou déterminante ; il lui suffit de tracer le cadre normatif de ce qui est absolument inacceptable en démocratie. La négation des génocides (qui encore une fois, n’est jamais une simple idée lancée en l’air pour la beauté du débat, mais bien un clin d’œil en direction d’autres idées directement offensives envers telle ou telle population) en semble un exemple acceptable, comme tout discours appelant à la haine entre les citoyens. C’est simplement une manière pour la République de se défendre elle-même (son intégrité), ainsi que ses citoyens.

Le même raisonnement me semble valoir pour le cas particulier de la communauté spécifique. L’historien Gérard Noiriel et ses collègues du Comité de Vigilance pour les Usages de l’Histoire ont raison de rappeler, contre les défenseurs de l’absolue liberté scientifique, deux points fondamentaux. D’une part il y a une différence entre interdire la défense de thèses extrêmes, jetant les citoyens les uns contre les autres, et imposer une certaine vision positive de l’histoire comme l’a tenté l’UMP sur le « rôle positif de la colonisation ». Forcer une interprétation, c’est effectivement se substituer aux historiens ; mais écarter des interprétations possibles, incitant à la haine, qui ne reposent sur rien, et qui sont de facto rejetées par l’écrasante majorité des historiens (la négation de la solution finale par exemple), c’est simplement faire respecter le pacte républicain. D’autre part, et c’est un point fondamental, les historiens ne sont pas les seuls et exclusifs gardiens de la mémoire nationale. Les citoyens et leurs représentants élus ont aussi leur mot à dire sur ce point. J’ajouterais pour ma part que postuler l’absolue indépendance de la science par rapport à la politique est quelque chose d’éminemment problématique et discutable. Oui, nous avons tous à l’esprit la mise sous tutelle des scientifiques dans les dictatures, la biologie officielle façon Lyssenko, etc. Mais sorti de ces exemples godwinesques, il n’en reste pas moins que les représentants élus du peuple – dans une démocratie pleine et entière – ont une légitimité qui est au moins comparable à celle des scientifiques, pour juger du bien fondé de programmes de recherche ou de thèses ayant un impact direct sur le débat public et sur la vie du plus grand nombre. Cela vaut pour les OGM comme pour les élucubrations historiques ou philosophiques. Osons également ajouter, pour conclure, que le même débat mérite au moins d’être posé pour toutes les autres sphères (journalisme, justice) qui se battent pour leur totale indépendance (ou leur accession au rang de 4ème, 5ème pouvoir).

Romain Pigenel

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22 Comments

  1. Olivier Montulet wrote:

    « (…)…la signent quelques personnalités plus ou moins connues, plus ou moins douteuses, et parmi elles le linguiste altermondialiste Noam Chomsky, qui n’en est pas à sa première intervention de ce type. (…)» Cette phrase laisse entendre que Noam Chomsky serait une personnalité douteuse. C’est inacceptable. Noam Chomsky, bien qu’anti-impérialiste et analyste alternatif, est reconnu pour être un intellectuel d’une grande rigueur. Il serait aussi judicieux de rappeler, dans un tel sujet, que Noam Chomsky est Juif et à connu l’holocauste. Je suis belge, et personnellement je suis plutôt de l’avis de Chomsky. Je suis assez dubitatif quand aux lois moralisantes qui imposent un bien fondé à la pensée. Lois qui donnent bonne consciences et dispensent leurs auteurs de la question de l’éducation et en particulier de l’éducation à l’information responsable et de l’éducation à la critique autonome. Les lois moralisantes sont des lois « normalisantes » et répressives. Autrement dit, elles sont infantilisantes. Elles ne sont pas ce qu’elles devraient être, dans un état démocratique digne du nom, « responsabilisantes » rendant l’individu apte à user de son libre arbitre. Par ailleurs ces lois restrictives sont difficilement « circonstribles » et ouvrent la portent à d’autres restrictions de l’expression et donc de la pensée. C‘est une dérive qui dévoie la démocratie et la soumet à la loi des biens pensants. La preuve : Romain Pigenel fait de Chomsky une personnalité douteuse.
    Olivier.montulet@skynet.be

    Mercredi, septembre 15, 2010 at 14:33 | Permalink
  2. Olivier Montulet wrote:

    Un exemple de cette dérive est que certains voudraient pénaliser les dénonciateurs des théories du réchauffement climatique en faisant des climato-septiques des révisionnistes du climat. Ors, la science, par définition, c’est l’incertitude et le doute, la remise sans cesse en question des théories acquises. La science n’a que faire de l’avis de la majorité ou d’un quelconque consensus. Le consensus est affaire de politique pas de science. En sciences, on peut être seul a avoir raison ; demandez à Copernic… Toute analyse, pertinente ou non, est l’occasion de se reposer la question de la pertinence des convictions acquises. C’est essentiel, car un point de vue n’est que le résultat d’une situation, ors toutes les situations évoluent. Et quand bien même une idée incorrecte est exprimée, elle renforce indirectement la pensée « juste ». La pensée juste étant celle qui permet dans un contexte et un état de connaissance donnés d’expliquer une situation décrite. C’est le sens objectif du rationalisme, base de l’esprit scientifique et de l’épistémologie scientifique.

    Mercredi, septembre 15, 2010 at 14:59 | Permalink
  3. Manu wrote:

    Super billet, merci pour le lien, rien a ajouter…

    Mercredi, septembre 15, 2010 at 16:46 | Permalink
  4. Jerome wrote:

    Je crois qu’il est nécessaire de distinguer sciences et politique. Autant un scientifique et non un politique peut chercher à démontrer qu’il n’y a pas de changement climatique. Au passage, les preuves scientifiques nous laissent bien supposer l’existence d’un changement climatique, mais c’est une autre histoire.
    En revanche, nier l’existence des chambres à gaz est un acte politique. Il ne s’agit ni de sciences humaines, ni de sciences physiques. En France, certains propos ne sont pas autorisés : les insultes et outrages, les propos racistes, antisémites… les thèses négationistes.

    Mercredi, septembre 15, 2010 at 17:26 | Permalink
  5. Romain wrote:

    @Olivier : désolé si vous avez compris que je considère Chomsky comme douteux, ce n’est pas du tout mon opinion et ma formulation était sans doute maladroite. Je le pense en revanche naïf, ce qui finalement ne vaut guère mieux ! Je vous laisse la responsabilité du concept de “bien pensant” que vous ne définissez pas vraiment. Quant à la responsabilisation de la population, bien sûr qu’elle est souhaitable, mais là encore ne soyons pas naïfs : qui veut faire l’ange fait la bête. En attendant le jour où le débat public aura atteint sa totale maturité, il faut malheureusement quelques garde-fous. Enfin, je suis désolé mais les théories négationnistes ne font pas avancer la science : elles cherchent des conséquences avant tout politiques. C’est la différence avec les débats sur le climat, par exemple.
    @Manu : merci !
    @Jérôme: “nier l’existence des chambres à gaz est un acte politique” bien entendu ! On est d’accord, ce n’est pas de la science ni de la recherche de la vérité.

    Jeudi, septembre 16, 2010 at 0:00 | Permalink
  6. Emmanuel wrote:

    Superbe problématique, dilemme typiquement français, et papier magnifiquement formulé. Sans avoir aucune sympathie pour les idées politique de Chomsky, mais une très grande admiration pour son œuvre linguistique, je me pose une série de questions.
    La “formule” qui veut qu’en France on ait une histoire officielle, imposée par le pouvoir politique avec l’instrument législatif, à laquelle l’histoire scientifique resterait en quelque sorte étrangère, me paraît à nuancer. Nuance que tu évoques d’ailleurs, mais c’est la formulation de cette dichotomie qui reste à interroger.
    Dans l’enseignement français plus que partout (sauf en Chine et au Japon peut-être) l’autorité joue un rôle primordiale. Le questionnement de la légitimité de cette autorité est rarement abordé (je me souviens juste d’une tentative à avortée il y a quatre ou cinq ans).
    En revanche l’autorité scientifique universitaire ouvre souvent les portes du pouvoir politique, et pas toujours pour le meilleur: Darcos, Ferry ou Alègre sont les deniers exemples en date.
    Mais surtout, ton papier pose la question à mon sens du rôle de l’histoire. Il est remarquable qu’en France, histoire rime toujours dans les discours politiques avec devoir de mémoire. Devoir et autorité… Comme si la mémoire se decretait, ou si le travail de deuil était honteux.
    Je remarque aussi qu’aux États-Unis, où le culte de l’exactitude historique est indéniablement moins fourni qu’en Europe, et l’autorité moins pesante sur la matière historique, l’élaboration d’un materiau créatif à partir de l’histoire récente est aussi incommensurablement plus riche. L’histoire, pour romancée et mal degrossie qu’elle y soit, y est sans doute mieux digérée.
    De là à dire que les leçons tirées de l’histoire par les politiques y sont plus positives… je ne m’y risquerait pas !
    Mais dans le référentiel idéologique américain, où l’atteinte aux libertés individuelles est exclu des variables d’ajustements politiques, la position en principe de Chomsky se tient. Elle se tient aussi en pratique dans ce contexte: les États-Unis est le pays qui compte le plus de partis politiques néonazis au monde, sans qu’aucun d’eux ait la moindre chance d’acquérir une once d’aura.
    Il faudrait une analyse comparée sur les mécanismes de régulation des idées extrêmes entre la France et les USA. Un vrai travail de thèse…

    Jeudi, septembre 16, 2010 at 0:24 | Permalink
  7. luc nemeth wrote:

    On peine à garder son sérieux là où Olivier Montulet assène, le 15 septembre 2010 à 14:33, ce qu’il croit être l’argument… massue : “Noam Chomsky est Juif” ! Et il ne rend pas non plus vraiment service à ses compatriotes lorsqu’à la fin de la même ligne, il ajoute solennellement : “Je suis belge”.
    Car enfin -et pour ici en rester à “juif” : ce fut bien là, le problème.
    Noam Chomsky, qui n’est donc pas un premier communiant, savait très bien ce qu’il faisait, et il savait que c’était UNIQUEMENT parce qu’il était juif, que sa prise de position allait être utilisée à des fins que chacun aura été à même de constater…
    On ne réussira pas à nous faire croire que deux et deux ont toujours fait cinq : Chomsky est trop fin connaisseur de la réalité européenne pour ignorer qu’il n’y a rien, de ce côté de l’Atlantique, qui ressemble au “first amendment” (et à tout ce qui en découle sur le terrain de la liberté d’expression).

    Pour le reste cet article soulève des questions intéressantes mais dont je me refuse à discuter, dès lors qu’est mis en avant le nom de Chomsky. En toutes choses il s’agit de savoir de quoi on parle. Et ce serait à mon sens une erreur (et qui équivaut à faire le jeu de Chomsky et de son crédule fan-club) que de poser en termes de “débat philosophique” ce qui fut une prise de position purement cosmétique.

    Je tiens tout de même à préciser que je ne poursuis aucun but hostile à Chomsky même si j’estime qu’il est surévalué en Europe. Les vérités qu’il rappelle, sont utiles, mais de là à le présenter comme le-plus-grand-intellectuel-vivant-aux-Etats-Unis, c’est une autre histoire… Et en certains cas on aimerait être sûrs qu’il ne s’agit pas d’anti-américanisme primaire et qui amène à dire, “le plus grand”, parce qu’on n’ose pas dire : le seul !

    Jeudi, septembre 16, 2010 at 10:55 | Permalink
  8. Olivier Montulet wrote:

    Je suis étonné que ce dusse être précisé, mais un « bien-pensant » est celui qui dicte une règle de bonne pensée ou prétend définir la pensée juste ou vraie.
    Je me demande personnellement en quoi un mensonge peut mettre en péril la vérité. A moins que la vérité soit fragile ou que ceux qui l’affirment n’en soient pas convaincu, la vérité sort toujours renforcée face au mensonge.
    Je ne peux comprendre en quoi quelques énergumènes, qui éructe leur mal-être en publiant des dénis des tueries massives faites par le régime nazi parmi la communauté juive (notamment), peuvent-être dangereux face à la réalité des faits et des preuve avancées ?
    Personnellement l’attitude de Nicolas Sarkozy et du Gouvernement Filon à l’encontre des Roms et de l’identité nationale, ou encore de Berlusconi à l’encontre du droit et des immigrés me semble bien plus proche des méthodes du troisième Reich et est bien plus dangereuse pour nos démocraties. Et pourtant nombreux sont ceux qui leur donnent raison.
    Bientôt des biens pensant interdiront de dénoncer les pratiques de Sarkozy et de son Gouvernement, d’ailleurs n’ont-ils pas déjà entrepris des investigations pour faire taire « Le Monde » ? Cela sans même dire qu’ils ne respectent pas l’autorité Européenne tout en osant se réclamer de la terre des droits de l’homme comme si ça leurs donnait blanc seing pour toute politiques discriminatoires.
    Interdire au idiots de parler, c’est faire taire tout ceux qui pensent autrement ; car qui défini ce qui est juste et ce qui est faux ?.

    Jeudi, septembre 16, 2010 at 19:14 | Permalink
  9. guilain wrote:

    Laisser l’Histoire aux historiens, d’accord, mais qui écoutent les historiens?
    Un des problème de l’Histoire est qu’elle est “polluée” par des pseudos historiens type Stéphane Berne ou Max Gallo, qui ne sont pas des scientifiques. Les universitaires, dans toutes les disciplines, manquent clairement de notoriété en France, on ne les écoute pas.
    Je préfère qu’il y ait une loi plutôt que de laisser n’importe qui déverser sa propagande sans qu’on puisse le contredire.

    Vendredi, septembre 17, 2010 at 11:20 | Permalink
  10. luc nemeth wrote:

    Olivier je m’empresse avant tout de vous rassurer : j’ai le coeur assez large pour haïr le négationnisme, d’une part, et le régime d’infamie actuellement à la tête de ce pays, d’autre part.

    Mais pour le reste je m’étonne de l’irresponsabilité (car je ne vous accuse ni ne vous soupçonne évidemment de rien d’autre) avec laquelle vous reprenez avec une grande insistance le vocabulaire très-militant de la partie adverse -« bien-pensants », sic- et avec laquelle, pour vous livrer à une démonstration à laquelle j’adhère dans son principe, vous procédez à une présentation qui ne tient pas debout : ces gens ont eu très largement, la possibilité de se faire entendre ! Et le statut de martyrs-de-la-liberté-d’expression ne s’improvise pas si facilement…

    Martyrs ? Sûrement pas du côté de la presse bourgeoise, qui a depuis longtemps compris que tout ce qui sent le soufre, fait vendre ! Et telle fut même la raison pour laquelle un “beau” jour de décembre 1978 le pestilentiel « Monde » déroula le tapis rouge sous les pieds de ce qui fut pompeusement baptisé… “Ecole négationniste”, là où il n’y avait qu’un misérable Faurisson.

    Quoi qu’en dise votre position rhétorique (“interdire aux idiots de parler, c’est faire taire tous ceux qui pensent autrement”) nous ne sommes pas ici en présence de gens qui “pensent” ou qui “pensent autrement” (va, pour le pléonasme) mais en présence de salopards. Et quelle que soit la position que l’on adopte à leur égard : ils n’ont très certainement aucun droit, à la parole.

    La position enfin qui consiste à dire qu’il faut les laisser parler pour mieux les combattre, est tout à fait recevable. Mais force est de constater que les gens qui à l’extrême-gauche ont soutenu cette position avec une possible bonne foi de départ (j’exclus donc la sordide mouvance de “La Vieille Taupe”, dont la presse bourgeoise redécouvre périodiquement l’existence avec gourmandise) ont comme par hasard ensuite totalement oublié, de les combattre ! Espérons au moins qu’ils auraient fait preuve d’une même carence face à des gens qui seraient venus raconter que le massacre de Sétif, ou la traite des Noirs, ou la traite des blanches n’ont jamais existé…

    Vendredi, septembre 17, 2010 at 11:40 | Permalink
  11. luc nemeth wrote:

    (suite) C’est délibérément que j’ai laissé de côté dans ma réponse tout ce qui concerne la “loi Gayssot”. J’étais contre, en son temps, et comme vous j’estimais que toutes les lois promulguées pour lutter contre l’extrême-droite finissent toujours, entre les mains de la France des “éternels” salauds, à être utilisées contre les mal-pensants.

    Mais si je l’ai ici laissée de côté c’est parce que ce problème du “droit à la liberté d’expression” accordée aux salopards s’est trouvé posé, historiquement, bien avant le vote de la loi Gayssot. Et vous auriez au moins pu comprendre, à me lire, que je ne suis pas de ceux qui font confiance (!) à la justice de leur pays, ni, pour lutter contre la peste brune, ni, pour établir la vérité historique.

    Vendredi, septembre 17, 2010 at 11:53 | Permalink
  12. Jerome Monod wrote:

    “si vous avez compris que je considère Chomsky comme douteux, ce n’est pas du tout mon opinion et ma formulation était sans doute maladroite”

    Je trouve ca un peu leger comme explication quand on n’écrit ce que tu écris : “la signent quelques personnalités plus ou moins connues, plus ou moins douteuses, et parmi elles le linguiste altermondialiste Noam Chomsky, qui n’en est pas à sa première intervention de ce type.”

    On aimerait bien savoir quelles sont les autres intervention “de ce type” de Chomsky. Que veux tu insinuer ?

    Je t’invite a regardé cette video sur l’Affaire Faurisson.

    Ca ne dit pas l’integralité de ce que pense Chomsky de la liberté d’expression mais vu l’état de ta méconnaissance sur sa pensée , ca ne pourra qu’enrichir ta réflexion.

    http://www.youtube.com/watch?v=zz6Vbl-TWgI

    Mercredi, septembre 22, 2010 at 14:36 | Permalink
  13. Dr Maboul wrote:

    “Un républicain, un homme de gauche, et plus largement toute personne en désaccord avec une politique rimant avec un total laisser-faire ne peuvent donc qu’approuver, à mon sens, l’idée selon laquelle une certaine régulation des idées est souhaitable.”

    Et ensuite on désigne les socials-traîtres à la vindicte populaire et on les envoie au travaux forcés.
    Vive la dictature du marché et la pensée unique!! (sic)

    “Réguler l’expression” c’est déjà potentiellement très dangereux mais “réguler les idées” ça l’est à coup sûr!!!

    De plus si on force les gens à prendre les “bonnes” décisions et à avoir les “bonnes” idées, ils ne sont pas libres mais contraints.

    Je te lis souvent et là, j’ai vraiment l’impression que tu fais de la provoc’gratuite(en t’attaquant à chomsky et à la liberté de penser). Y’a plus assez de visites sur ton blog ou quoi?

    Mercredi, septembre 22, 2010 at 17:42 | Permalink
  14. En résumé, N Chomsky nous demande de ne pas nous comporter comme le pape qui a condamné Galilée. C’est à nous d’être plus fort pour faire disparaître les falsificateurs dans la poubelle du néant. Quelle leçon d’intelligence.

    Jeudi, septembre 23, 2010 at 0:50 | Permalink
  15. LUC NEMETH wrote:

    Ce qu’oublie de nous dire DOLE ECOLOGIE c’est que, effectivement : de tous ces falsificateurs il ne resta plus rien. Autant dire que son commentaire serait déjà dans son principe même et pour le moins, intempestif -s’il n’y avait bien sûr la comparaison de Faurisson avec Galilée.
    Certes sur Internet on ne sait pas toujours qui est qui. Mais si on s’en tient au pseudonyme ici utilisé alors pour sûr : l’écologie dégage parfois décidément une étrange odeur.

    Jeudi, septembre 23, 2010 at 10:18 | Permalink
  16. Pour ma première intervention en ce lieu je vais avoir l’attitude la pire et moins mauvaise qui soit. Comme les scientifiques devraient l’être souvent je doute.

    Je doute que l’interdiction de certaines dérives qui sont l’utilisation de l’Histoire comme d’une tribune à des idées en manipulant les faits au passage, ne conduise pas à renforcer ces mêmes personnes que l’on cherche à limiter. Sur le principe du martyr évoqué. Ce qui ne signifie pas qu’ils le soient mais se draper dans cette figure suffit parfois à avoir du soutien;

    Je doute aussi qu’une limitation du champ des choses que l’on peut penser soit véritablement une solution où si au contraire elle en limite l’esprit critique, conduisant des historiens et des scientifiques tout à fait respectables dans le camp des méchants. Pour expliquer cela une comparaison toute proportion et contexte gardé avec le 11 septembre. Je suis de ceux très critique sur l’idée de complot mais j’avoue m’interroger énormément sur les évènements d’après et sur les nombreux mensonges de l’administration Bush. En clair se poser des questions reviendrait nécessairement à voir des complots ou des mensonges partout ?

    [Mon analyse se fonde je l’avoue beaucoup sur les émissions de France Inter Rendez Vous avec X. Si vous voulez l’entendre :

    http://dlarchey.free.fr/Rendez-vous%20avec%20M.%20X%20%5BFrance%20Inter,MP3,FR,1_3%5D.mp3

    http://dlarchey.free.fr/Rendez-vous%20avec%20M.%20X%20%5BFrance%20Inter,MP3,FR,2_3%5D.mp3

    http://dlarchey.free.fr/Rendez-vous%20avec%20M.%20X%20%5BFrance%20Inter,MP3,FR,3_3%5D.mp3

    Je doute aussi et là tout à l’inverse de mon raisonnement précédent mais je suis pas un paradoxe près ne vous rassurez pas. Que la vérité sorte du questionnement continuel. En gros que le débat d’idée ferait émerger la vérité. J’y est crû longtemps, j’y crois encore un peu mais les dérives dues à la position d’untel, la médiatisation d’un autre, le passé d’un troisième, conduit nécessairement à voir les idées comme tel mais comme l’émanation d’une personne. En clair on écouterait plus facilement untel plutôt qu’un autre sans même se fier au fond.

    Je doute aussi que les historiens et les politiques soit aussi séparés. Là je rejoins entièrement Romain et j’irais même plus loin. Les historiens font de la politique. Pas au sens politicien. Personnellement j’ai un sens totalement différent du terme politique, le plus original (de l’origine) selon moi qui est les affaires de la cité. Les historiens qu’ils le veulent où non écrivent l’histoire, comme les citoyens ou les politiques c’est vrai et c’est une question des affaires de la cité. Une histoire, un passé dans un sens influe nécessairement la vie d’une cité. 1984 en est le plus bel exemple. Réécrivez l’histoire et vous changerez le présent.

    Je doute aussi que la remise en cause de l’histoire soit aussi facile et aussi évidente que ça. Et là je rejoins Emmanuel sur ce point. La remise en cause des mandarins n’est toujours pas dans notre culte. Le culte que l’on offre parfois à des pontes est resté dans notre mentalité même après 1968. Résultat la remise en cause des dogmes n’est pas du tout évident.

    Voilà pourquoi je doute à la fois de l’intérêt, de la dangerosité de la loi Gayssot mais tout autant de sa suppression. Je sais j’ai pas répondu à la question mais je m’en fiche personnellement.

    Jeudi, septembre 23, 2010 at 16:28 | Permalink
  17. Luc Nemeth wrote:

    Je crains fort que FABIEN LORC’H ne pousse mémé dans les orties un peu loin, en s’attribuant la position “la moins mauvaise qui soit”… Qu’il commence donc par aller se cultiver au lieu de prendre le pays à témoin de son ignorance (feinte ou réelle, peu importe). Et nous verrons alors s’il estime encore qu’il y a place pour le doute, sic : comme il l’écrit dans un charabia qui se veut vaguement libre-penseur mais qui reprend, et à la virgule près, l’argumentaire négationniste.

    Vendredi, septembre 24, 2010 at 15:50 | Permalink
  18. Fascinant, non vraiment fascinant. Fascinant et impressionnant. Cette rapidité à atteindre ce que Romain appelait la Gauche Godwin. Ainsi on me taxe de négationniste pour mieux détruire le débat et empêcher que je réponde de quelque manière que ce soit. Que voulez vous, après de pareilles énormités ! Je me console en me disant que je ne suis pas seul à subir ce traitement et que ça n’a donc rien de personnel et en voyant que mon interrogation longue certes mais reprenant tout les ponts de ce débat est traitée de charabia. Ça m’honore presque.

    Samedi, septembre 25, 2010 at 10:14 | Permalink
  19. LUC NEMETH wrote:

    mais que vient faire la “Gauche”, dans le commentaire ci-dessus ? Si son auteur parlait de ce qu’il connaît alors il saurait que les historiens qui ont travaillé sur cette question ne se revendiquaient de “rien”. Et je crois même me souvenir que Raul Hilberg (pour ne citer qu’un des bons auteurs traduits en français) se définissait comme plutôt conservateur, politiquement.

    PS. n’y a-t-il personne sur ce site pour mettre le nez dedans à l’intoxicateur, là où il parle de… “mieux détruire le débat” ? Les travaux sur l’entreprise d’extermination nazie se sont déroulées dans des conditions de débat scientifique qui n’ont sûrement rien à envier aux autres travaux ; et un temps précieux a même été consacré à répondre à des affabulations qui sur d’autres terrains n’auraient pas même reçu réponse -mais qu’ici il n’était pas question de laisser sans réponse, vu l’instrumentalisation qui a été faite de la question par les néos-nazis dès le lendemain de la seconde guerre mondiale.

    Samedi, septembre 25, 2010 at 16:45 | Permalink
  20. Nicolas wrote:

    Putain ! Ressortir un vieux billet dans Facebook. Je crois bien que je ne te lisais pas, à l’époque (pourtant c’est relativement récent : on ne devrait pas boire, ça fait oublier).

    Quand je pense que je l’ai lu en pensant qu’il entrait “dans l’actualité” suite au machin d’aujourd’hui…

    “Un républicain, un homme de gauche, et plus largement toute personne en désaccord avec une politique rimant avec un total laisser-faire ne peuvent donc qu’approuver, à mon sens, l’idée selon laquelle une certaine régulation des idées est souhaitable.”

    Une régulation des idées… On croit rêver. Surtout si on s’appelle Staline (smiley, hein !).

    Je reste rêveur à propos du dernier paragraphe que j’ai relu plusieurs fois. En gros, la législation devrait être la même pour les machins (OGM) qu’on VA cultiver que pour ce qu’on doit pouvoir dire à propos du passé.

    C’est abominable.

    La science est une chose, la politique une autre et l’histoire encore une autre.

    Cela dit, j’aurais approuvé ce billet à l’époque (et je l’approuve toujours dans le contexte de cette époque) : il y a une différence entre obliger à une vision positive de la colonisation et interdire de nier l’histoire.

    Il n’empêche que des représentants élus n’ont pas la légitimité pour écrire l’histoire. Hitler a été élu par des braves gens (vive Golwin !) pour je ne sais quelles raisons qui ont abouti à quelques morts inexpliquées. Il avait la légitimité nécessaire (je raccourcis, hein !).

    Un facho pourrait être élu par chez nous et pourrait faire une loi interdisant de dire que Hitler était un fumier ?

    Légitimement, parce qu’élu du peuple ?

    Oui. Mais c’est ainsi que je préfère que personne ne légifère à propos de l’histoire.

    Putain ! Ca faisait longtemps que je n’avais pas fait un commentaire aussi long dans un blog, moi…

    Vendredi, décembre 23, 2011 at 0:28 | Permalink
  21. luc nemeth wrote:

    allons allons, Nicolas, il ne faut pas voir le mal partout : un simple regard sur la tronche du sarcaud et de ceux qui l’entourent suffit à établir qu’avant même, d’avoir été conçus, ils étaient déjà fondamentalement du côté de la cause des opprimés !

    Vendredi, décembre 23, 2011 at 13:21 | Permalink
  22. (suite) wrote:

    au delà de cette escroquerie qui voit des étrons (UMP) s’abriter derrière la souffrance passée du peuple arménien on peut mesurer à quel point la vie politique est polluée par les simagrées de l’escroc Chirac, qui ayant compris en 1995 le bénéfice qu’il pouvait tirer des tardives “révélations” sur les rapports Mitterrand-Bousquet, s’en alla au Vél’ d’Hiv fidéliser les voix de la frange la plus crédule de la communauté juive, pour le compte de l’actuelle majorité.
    Car aujourd’hui c’est dans presque chaque communauté, que des notables à tel point vendus qu’il n’y a même plus besoin de les acheter, trouvent “normal” d’avoir droit à ces baisers baveux.
    Là où ce racolage obscène, il y a vingt ans encore, aurait donné lieu à une légitime levée de boucs liés.

    Mardi, décembre 27, 2011 at 12:46 | Permalink

7 Trackbacks/Pingbacks

  1. Romain Pigenel on Mardi, septembre 14, 2010 at 20:46

    [Variae] La loi contre la science ? http://tinyurl.com/2b2n5r8

  2. Margot on Mardi, septembre 14, 2010 at 22:38

    RT @Romain_Pigenel [Variae] La loi contre la science ? http://tinyurl.com/2b2n5r8

  3. Romain Pigenel on Mercredi, septembre 15, 2010 at 21:27

    Chomsky, le négationnisme et la liberté de penser http://tinyurl.com/248y375 #chomsky #liberté

  4. Romain Pigenel on Jeudi, décembre 22, 2011 at 21:09

    Un #Variae de 2010 qui vaut pour la "loi sur le génocide" / La loi contre la science ? http://t.co/ImXlLvft

  5. G. Alain bembelly on Jeudi, décembre 22, 2011 at 21:37

    La loi contre la science ? http://t.co/1u45ZsR6 via @Romain_Pigenel

  6. Romain Pigenel on Vendredi, décembre 23, 2011 at 12:56

    @jehldavid j'avais déjà donné mon avis sur le sujet http://t.co/ImXlLvft pas envie de réouvrir le dossier :-)

  7. Variae › Soyez rassurés, Marine reste bien Le Pen on Samedi, février 4, 2012 at 18:26

    [...] ficelle est un peu grosse, et constitue une technique parmi d’autres de la rhétorique révisionniste. Mettre un signe égal entre deux choses qui n’ont rien à voir, pour adoucir les torts de la [...]

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