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Voulez-vous sauver la banque Sarkozy ?

La manœuvre avait commencé dès cet été avec l’offensive gouvernementale autour de la « règle d’or » ; elle connaît, avec le couperet des agences de notation qui se rapproche du triple A, un nouveau regain. C’est l’appel – bien entendu dans l’intérêt supérieur de la Nation – de la droite à la gauche sur le thème de l’union nationale, du Grand Pardon budgétaire pour mieux se plier aux diktats des marchés et des agences. François Baroin : « L’union nationale, ce serait vraiment bien en France […] Que ce soit avant les présidentielles ou après, les socialistes seront dans l’obligation, je l’espère, dans l’opposition, d’assumer leurs responsabilités ». Bernard Accoyer : « Quand un Etat est confronté à une telle situation, l’unité nationale est souhaitable ». Last but not least, Jean-François Copé : « Les socialistes français sont tellement irresponsables qu’ils sont capables de privilégier l’intérêt politicien et de refuser de voter cette règle d’or […] Les voilà de nouveau invités à la table des responsabilités. Est-ce que, oui ou non, compte tenu de l’urgence et de l’importance de la situation, M. Hollande peut accepter de dire enfin : ‘On arrête avec ces propos germanophobes ridicules et déshonorants’ et dire que l’intérêt supérieur de la France et de l’Europe l’exige : ‘Nous allons voter la règle d’or’ ».

On serait presque ému, et flatté, de temps d’égards, d’un tel désir de rapprochement. Mais si c’est un gant de velours qu’on nous tend, il peine à faire oublier la main de fer qu’il contient : le rappel, permanent, de l’impossibilité de faire autrement, de sorte que pour les socialistes, l’alternative serait entre la responsabilité (voter la règle d’or) et la folie déshonorante (s’y refuser). Le tout sur la foi d’un raisonnement très simple : si Nicolas Sarkozy et son gouvernement chutent sur cette manœuvre politique, ils emporteront la France avec eux. Pile ils gagnent, face nous perdons tous.

 

Cela ne vous rappelle rien ? Remontons de quelques mois, de quelques années dans le temps. Des institutions qui ont construit les conditions d’une impasse politico-économique, ou du moins qui y ont contribué, et qui se sont enrichies sur le dos de la collectivité. Avant de venir, quand elles se sont retrouvées le dos au mur, réclamer à cors et à cris son aide. En expliquant que si elles tombaient, alors tout le monde en pâtirait. Too big to fail. Cela ne vous dit toujours rien ? Banco, si j’ose dire : les banques et la finance !

 

Le président et son parti se comportent aujourd’hui exactement comme les « banksters » qu’ils critiquent (parfois). Après avoir prospéré électoralement sur des promesses puis des réalisations ineptes (les heures supplémentaires, le bouclier fiscal), ils viennent, quand celles-ci finissent par porter leurs fruits amers, réclamer l’aide de leurs opposants pour éteindre l’incendie. Cela porte un nom : la privatisation des bénéfices, et la socialisation des pertes.

 

Il faut reconnaître aux sarkozystes le mérite de la cohérence : de même qu’ils n’ont exigé aucune réforme structurelle digne de ce nom de la part du secteur bancaire et financier en échange du soutien de l’Etat, ils ne proposent, aujourd’hui, aucune modification de leur projet politique en échange du soutien de la gauche et des socialistes. Bien au contraire, Nicolas Sarkozy a profité de son deuxième discours de Toulon pour repasser la charrue et réaffirmer ses dogmes personnels, comme je l’écrivais la semaine dernière.

 

C’est donc plus que jamais le moment, pour la gauche, de refuser ce chantage au sabordage, et de laisser la majorité assumer toutes seules ses responsabilités dans la crise de l’Europe, et la crise tout court. Too big to fail ? Chiche !

 

Romain Pigenel

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7 Comments

  1. Marianne ARNAUD wrote:

    Que vous le vouliez ou non, nous avons déjà tous perdu !
    “Il faut construire un autre type de relation entre la majorité et l’opposition en France” ose dire Gérard Collomb qui a au moins le mérite de gérer une grande ville.
    Mais le refus du vote de la règle d’or, le vote des étrangers examiné en priorité par le Sénat, tout indique que le fossé entre majorité et opposition ne fera qu’alimenter les partis extrêmes, chacun espérant pouvoir ainsi tirer son épingle du jeu, dont à n’en pas douter ce sera le peuple le plus grand perdant.

    Jeudi, décembre 8, 2011 at 10:20 | Permalink
  2. MAJiCWoofy wrote:

    J’ai un doute sur le parallèle avec les banques…
    Par contre le piège est clair !
    Si le sommet européen abouti à un accord dans la zone euro sur la règle d’or, je pense qu’il faudrait que les socialistes en accepte immédiatement le principe…
    Et remette la pression sur la majorité actuelle en demandant son application immédiate par la suppression des avantages fiscaux “made by Sarko”

    Jeudi, décembre 8, 2011 at 11:05 | Permalink
  3. Marco wrote:

    Exact, le piège est clair.
    J’ai aussi dit tout le bien que je pensais de la règle d’or, notamment qu’elle existe déjà, avec son lot de sanctions depuis 1992…
    A la limite, pourquoi ne pas rebondir dessus, en affirmant que la gauche l’approuvera si, et seulement si l’ensemble des actuels cadeaux fiscaux et autres niches inutiles sont IMMEDIATEMENT supprimées par le gouvernement actuel. En effet, devant la “gravité” de la situation, la droite ne peut faire l’économie de son application à sa politique budgétaire. Il y a là, à mon sens, un angle d’attaque des plus intéressant…

    Jeudi, décembre 8, 2011 at 15:08 | Permalink
  4. Bembelly wrote:

    La règle d’or, c’est de respecter les électeurs, c’est-à-dire rendre des comptes sur son bilan!

    Jeudi, décembre 8, 2011 at 15:47 | Permalink
  5. pegase wrote:

    Tout à fait d’accord avec Bembelly . Si la droite est tellement attirée par la vertu budgétaire, qu’elle commence à satisfaire les recommandations européennes en la matière qui, d’ailleur, ne datent pas d’aujourd’hui. Cela me fait penser à celles ou ceux qui, sous prétexte d’entrer en cure d’amégrissement, assèchent leur refrigerateur entraînant de force leur entourage à partager cette nouvelle rigueur.
    Donc le seul timing qui vaille est le suivant:
    1- gagner les élections
    2- devoir d’inventaire
    3- recoller aux directives budgétaires européennes
    4- à – 3 mois des élections présidentielles suivantes, voter la règle d’or (pour plaire à Copé au cas où).

    Jeudi, décembre 8, 2011 at 23:58 | Permalink
  6. pegase wrote:

    Marco, surtout pas, d’autant plus qu’avec la perte imminente du AAA , Sarkozy y sera forcé s’il ne veut pas prendre une derouillee mémorable.
    Laisser le temps au temps…

    Vendredi, décembre 9, 2011 at 0:06 | Permalink
  7. @Marianne :

    “Mais le refus du vote de la règle d’or, (…) à n’en pas douter ce sera le peuple le plus grand perdant.”

    C’est sûr que la règle d’or, donc l’étranglement budgétaire de la politique, serait TRES favorable pour le peuple.

    @Majic :

    “Si le sommet européen abouti à un accord dans la zone euro sur la règle d’or, je pense qu’il faudrait que les socialistes en accepte immédiatement le principe…”

    Ce serait notre mort politique. Le débat économique et budgétaire de la présidentielle serait simplement annulé.

    “Et remette la pression sur la majorité actuelle en demandant son application immédiate par la suppression des avantages fiscaux “made by Sarko””

    Sauf que la règle d’or ne donne pas d’indication sur le contenu des économies, elle indique juste une règle globale !

    @Marco : comme à Bembelly.

    @Pégase : très bon le comparatif avec le frigo :-)

    Vendredi, décembre 9, 2011 at 2:21 | Permalink

12 Trackbacks/Pingbacks

  1. Eric Citoyen on Jeudi, décembre 8, 2011 at 8:44

    [LB] Voulez-vous sauver la banque Sarkozy ? http://t.co/2Vdx7rnO

  2. sebmusset on Jeudi, décembre 8, 2011 at 8:51

    Voulez-vous sauver la banque Sarkozy ? http://t.co/wN6hTp8c

  3. Vogelsong on Jeudi, décembre 8, 2011 at 8:57

    Voulez-vous sauver la banque Sarkozy ? http://t.co/wN6hTp8c

  4. Romain Pigenel on Jeudi, décembre 8, 2011 at 9:00

    [Variae] Voulez-vous sauver la banque Sarkozy ? http://t.co/yz89wpvr

  5. Melclalex on Jeudi, décembre 8, 2011 at 9:25

    RT @romain_pigenel: [Variae] Voulez-vous sauver la banque Sarkozy ? http://t.co/QrsDHtUo

  6. romainblachier on Jeudi, décembre 8, 2011 at 10:04

    via @romain_pigenel Voulez-vous sauver la banque Sarkozy ? http://t.co/bTUpEfcv

  7. G. Alain bembelly on Jeudi, décembre 8, 2011 at 10:18

    Voulez-vous sauver la banque Sarkozy ? http://t.co/dTcBpoZL via @Romain_Pigenel

  8. Valérie de Saint-Do on Jeudi, décembre 8, 2011 at 11:06

    Voulez-vous sauver la banque Sarkozy ? http://t.co/dTcBpoZL via @Romain_Pigenel

  9. Romain Pigenel on Jeudi, décembre 8, 2011 at 13:02

    Il privatise les bénéfices, il socialise les pertes / Voulez-vous sauver la banque Sarkozy ? #variae http://t.co/vBBYtrYK

  10. Jean-Renaud ROY on Jeudi, décembre 8, 2011 at 13:04

    RT @Romain_Pigenel: Il privatise les bénéfices, il socialise les pertes / Voulez-vous sauver la banque Sarkozy? #variae http://t.co/JErjo1yu

  11. [...] n’en finit pas d’être sauvé. Et Ducros, il se décarcasse! Il a tout essayé le pauvre, il n’y arrive pas. Et si c’était [...]

  12. Romain Pigenel on Vendredi, avril 20, 2012 at 21:11

    #VotezHollande Voulez-vous sauver la banque Sarkozy ? http://t.co/YHgvT3Dk

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