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De 2007 à 2012, Sarkozy la tête à l’envers

En 2007, après une campagne tumultueuse où il avait fait la course en tête, et malgré un apparent resserrement des courbes dans la dernière ligne droite, Nicolas Sarkozy sortait largement vainqueur du premier tour, reléguant Ségolène Royal derrière lui avec un écart jugé très difficile à rattraper. En 2012, après une campagne tumultueuse où il a toujours été derrière Hollande, et malgré un éphémère « croisement des courbes » dans la dernière ligne droite, Nicolas Sarkozy sort deuxième du premier tour, avec une pénurie de réserve de voix hypothéquant ses chances de rattraper le candidat socialiste.

En 2007, Ségolène Royal doit prendre tous les risques dans l’entre-deux-tours, tendre la main aux centristes et à l’incontournable Bayrou, risquant de perdre sa gauche. Elle doit même organiser un débat avec le candidat de l’UDF pour attirer ses électeurs. Nicolas Sarkozy, lui, gère tranquillement son avance. En 2012, Nicolas Sarkozy doit prendre tous les risques dans l’entre-deux-tours, tendre la main aux frontistes et à l’incontournable Marine Le Pen, risquant de perdre le vote du centre. Il doit même organiser des meetings aux accents délirants, où il se déchaîne contre le « drapeau rouge ». François Hollande, lui, s’applique tranquillement à rassembler. De Jean-Luc Mélenchon à François Bayrou.

 

En 2007, Ségolène Royal tente le tout pour le tout lors du grand débat d’entre-deux-tours, passant à l’attaque tous azimuts contre Sarkozy. L’offensive est courageuse mais ne retourne pas l’opinion. En 2012, Sarkozy mise tout sur un débat où il va, jure-t-il, « exploser » François Hollande, réclamant même trois séances. L’offensive est hargneuse, passe par la case DSK, mais se solde par une appréciation négative dans les sondages du lendemain.

 

En 2007, Nicolas Sarkozy s’offre un triomphe romain dans un Bercy plein à craquer, sous la haute autorité de Bigard. Ségolène Royal réplique le 1er mai par un Charléty ensoleillé qui regonfle à bloc ses militants. « On va gagner ! ». En 2012, François Hollande rassemble le peuple de gauche dans un Bercy électrisé par Sanseverino, les Neg’ Marrons et Yael Naïm. Nicolas Sarkozy réplique le 1er mai par un Trocadéro ensoleillé où, l’ivresse de la foule lui montant à la tête, il repère « 200 000 participants ». « La France aux Français ! ».

 

En 2007, Nicolas Sarkozy incarne un projet, même ses détracteurs le reconnaissent, l’espoir d’un changement, sa fameuse « rupture », une modernisation de la France endormie dans l’ère Chirac. En 2012, Nicolas Sarkozy incarne un passif, même des électeurs et responsables de droite le reconnaissent, le bilan-boulet d’une France divisée et plus clivée que jamais, une ère « Sarko » cauchemardesque dont on aimerait bien se réveiller.

 

En 2007, le futur président Sarkozy s’apprête à nommer les premiers Français « issus des minorités visibles », comme on dit pudiquement, à la tête de ministères d’importance. En 2012, le candidat Nicolas pérore sur les « personnes d’apparence musulmane », confond « étranger » et « Islam », et se répand en imprécations contre le vote des étrangers.

 

En 2007, Sarkozy obtient au bout du compte 53% des voix. En 2012, c’est le score que prédisent la quasi-totalité des instituts de sondages pour François Hollande.

 

En 2007, Sarkozy entendait renverser la table. En 2012, c’est lui-même qui peut finir sur la tête. Avec l’aide, dimanche, de votre bulletin de vote.

 

Romain Pigenel

Agression de Ruth Elkrief par l’UMP : « Ils avaient trop lu Bourdieu »

TOULON, FRANCE. Que s’est-il réellement passé jeudi soir à Toulon, lors du dernier grand meeting de campagne de Nicolas Sarkozy ? Ruth Elkrief, dépêchée sur place pour suivre l’événement pour BFM TV, a dû interrompre en catastrophe son direct, étant prise à partie par des militants UMP. « On nous a traités de vendus, de collabos, il y a eu des crachats, quelqu’un disait On est de droite et fiers de l’être », relate la journaliste, évoquant également des « crachats » et des « jets de bouteille ».

Alors que vendredi matin Nicolas Sarkozy, à l’antenne d’Europe 1, s’est dit « désolé » tout en demandant de comprendre « l’attitude des gens qui sont exaspérés par une forme d’intolérance et de parti-pris » des médias, l’Agence de Presse Variae a recueilli le témoignage d’un militant UMP présent sur place, qui apporte un éclairage inédit sur cette agression.

Pour Carlito [NDLR : le prénom a été modifié pour assurer la sécurité de notre témoin], cela ne fait aucun doute, l’incident est directement lié à « l’atelier de formation à la sociologie critique des médias » dont sortaient les militants ayant attaqué Ruth Elkrief. « Depuis que l’UMP est devenu un parti de résistance au système et à son candidat François Hollande, nos dirigeants ont compris l’utilité de nous donner un bagage idéologique et critique pour déconstruire la pensée dominante ». Ainsi, en marge de chaque meeting sont désormais organisés des séminaires et des « travaux pratiques, par exemple apprendre à décrypter le journal télévisé de David Pujadas et celui de Laurence Ferrari », pour mieux comprendre « comment ils en viennent à fabriquer du consentement ».

Avant Toulon, le dispositif a pris une tout autre ampleur : « les organisateurs nous ont invités à un marathon de projection cinématographique, consacré à l’œuvre de Pierre Carles ». Étaient ainsi proposés aux militants les films « Pas vu pas pris », « La sociologie est un sport de combat », ou encore « Fin de concession ». Cette immersion dans la filmographie du cinéaste militant a visiblement échauffé les esprits des militants UMP, qui sont sortis de la salle « plus remontés que jamais » contre les manipulations orchestrées par les grands médias. Selon Carlito, l’agression de Ruth Elkrief s’est ainsi accompagnée de cris et de slogans très explicites : « Habitus de merde », « société du spectacle », ou encore « Salauds, Bourdieu aura votre peau ».

Un surcroît de formation intellectuelle peut-il entraîner un surcroît de violence ? Un paradoxe à méditer durant les dernières heures de campagne. Carlito, quant à lui, ne cache pas une certaine déception : « à cause de ces échauffourées, le cours de Frédéric Lefebvre intitulé « Guy Degrenne et le situationnisme » a été annulé, c’est dommage, ça avait l’air intéressant ». Gageons que ce jeune militant dynamique aura d’autres occasions de se confronter à ces deux grands penseurs.

Romain Pigenel, pour l’agence Variae

Malgré les pressions, Sarkozy n’appelle pas encore à voter Hollande

PARIS, FRANCE. A trois jours du second tour, et alors que la grande majorité des candidats du premier – Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Jacques Cheminade et désormais François Bayrou – ont apporté leur soutien à François Hollande, la pression monte sur le camp Sarkozy pour que le candidat sortant, à son tour, se joigne au rassemblement en cours.

L’attitude de Nicolas Sarkozy à l’égard de François Hollande reste en effet la dernière inconnue, météo mise à part, du scrutin du 6 mai. Outre les soutiens mentionnés, Nicolas Dupont-Aignan, Nathalie Arthaud, Marine Le Pen ont également clarifié leurs intentions, entre vote blanc et absence de consigne de vote.

« Le fairplay et les us et coutumes républicains voudraient que Nicolas Sarkozy, comme François Bayrou, dévoile rapidement sa consigne de vote à propos de la candidature Hollande », analyse Jürgen Xiaoping, professeur émérite de sondologie comparée à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes Supérieures. « Il ne peut tout simplement pas laisser ses partisans dans le doute et l’hésitation », deux sentiments qui vont forcément prendre « une intensité croissante » à mesure qu’ils assistent « aux appels à voter Hollande en série », en provenance ce jour d’intellectuels, de médecins, de gens de culture, de Jamel Debbouzede Lilian Thuram ou même d’André Manoukian.

« Le débat de mercredi soir devait précisément permettre de faire un état des lieux », explique un proche du président sortant. « Force est de constater que nous avons encore un certain nombre de points de différence, de confusions, qui demandent à être clarifiés », par exemple « au sujet des étrangers » dont François Hollande « refuse d’admettre qu’ils sont tous musulmans, au moins d’apparence ».

Mais le refus, pour le moment, de Nicolas Sarkozy d’appeler ses électeurs du premier tour à voter Hollande pourrait avoir une autre raison, plus tactique et politique. « Le président sortant a lui aussi entamé un rassemblement progressiste au lendemain du premier tour », nous confie un membre de la direction nationale de l’UMP. « Le journal Minute, Carl Lang, Bruno Gollnisch, ont ainsi appelé à voter Nicolas Sarkozy au nom de l’humanisme dont il est le défenseur, et il est compliqué pour lui de les abandonner en rase campagne, en soutenant maintenant Hollande ».

« Si nous parvenons à convaincre ces authentiques démocrates de voter eux aussi pour le candidat socialiste, malgré la légèreté de ce dernier sur les droits de l’homme, sujet capital pour eux, alors Nicolas Sarkozy pourra sans problème envoyer un message clair à ses électeurs », nous assure notre interlocuteur, tout en s’inquiétant : « le temps est compté d’ici vendredi soir ».

Un suspense digne d’un roman d’espionnage, qui va sans doute rythmer jusqu’au bout cette fin de campagne.

Romain Pigenel, pour l’Agence de Presse Variae

Il y avait bien 200 000 personnes au Trocadéro pour soutenir Sarkozy

PARIS, FRANCE. A peine le rassemblement de Nicolas Sarkozy pour le « vrai travail » terminé au Trocadéro, la désormais traditionnelle bataille des chiffres a commencé, entre partisans et adversaires du président-candidat.

Y avait-il 200 000 personnes, comme l’affirme Nicolas Sarkozy en personne ?

 

Ou au maximum quelques dizaines de milliers, comme les partisans de François Hollande le lui ont immédiatement rétorqué, arguant de la surface de la place – 21 000² – et donc de l’impossibilité d’y caser 10 personnes par m², pour atteindre l’estimation présidentielle ?

 

L’agence de presse Variae, n’accordant qu’une confiance limitée aux méthodes de calcul et de comptages après coup des officines diffamatoires comme Mediapart, avait pris soin de déployer in situ un important dispositif d’enquêteurs et d’huissiers de justice pour établir une estimation aussi précise et fondée que possible. Nous sommes actuellement en mesure de l’affirmer : il y avait bien 200 000 personnes sur place, même si les critiques étaient justes sur la surface de l’endroit. Comment cela est-ce possible ?

« Les porteurs de drapeaux rouges », nous explique Charles-Edouard, membre de l’équipe d’organisation, « ont un horizon de pensée limité : ils ne parviennent pas à intégrer la troisième dimension. Or nous travaillons précisément nos meetings de façon tridimensionnelle, pour maximiser le remplissage des espaces ».

Des Jeunes Populaires en plein entraînement pour le Trocadéro

Très concrètement, les participants au rassemblement du Vrai Travail avaient auparavant reçu « des instructions et une formation » pour « former des pyramides humaines » et des « entassements de corps », ceci afin de dépasser les limites inhérentes à l’emplacement choisi pour le meeting. Il y avait donc bien 10 personnes au m², mais les unes sur les autres, ce qui leur donnait d’ailleurs relativement de confort pour effectuer de petits mouvements à droite et à gauche, « sans excès bien entendu, pour ne pas faire s’effondrer leur pile ou leur pyramide ». Notre interlocuteur ne nie pas les difficultés rencontrées : « Nous avons dû gérer un certain nombre de cas de détresse respiratoire, de contusions, d’écrasements de membres, de coups de soleil et de déshydratation pour les vrais travailleurs au sommet des pyramides », et plusieurs vraies travailleuses « se sont plaint de traces de chaussures sur leur vison ».

Si c’était à refaire, ou pour un prochain premier mai, y aurait-il des modifications à apporter à ce dispositif ? « Diminuer la taille des pyramides, pour ne pas cacher l’horizon à notre candidat », admet Charles-Edouard. Une morale finalement très sarkozyste : travailler, encore et toujours, sans s’endormir sur ses lauriers.

Romain Pigenel, envoyé spécial pour l’Agence de Presse Variae

Concentré d’agressivité et de bêtise sarkozystes

Quand la campagne présidentielle sera terminée, quand les esprits refroidiront et que l’on commencera à regarder en arrière sur ces quelques mois sous adrénaline, on sera sans doute stupéfait du niveau de violence, progressivement devenue banale et ordinaire, des échanges entre les candidats et leurs équipes. Et on sera plus encore – je n’ose dire stupéfait, car ce n’est pas une surprise – consterné par la contribution du camp sarkozyste à ce pugilat boueux.

Prenons, au hasard, ce communiqué publié sur le site de la France Forte, un parmi d’autres, contre l’appel du Syndicat de la Magistrature à voter contre Nicolas Sarkozy.

 

L’appel du Syndicat de la Magistrature à voter contre Nicolas SARKOZY : les derniers masques tombent !

Le titre met déjà dans l’ambiance, quelque peu paranoïaque, de la « France Forte » assiégée par des ennemis qui avancent masqués. Un calvaire, heureusement, qui touche à sa fin (les « derniers masques »).

 

Après la CGT, voici un autre syndicat, le Syndicat de la Magistrature, qui appelle, aujourd’hui, à voter contre Nicolas SARKOZY.

N’en déplaise à François Fillon qui s’inquiète aujourd’hui des attaques systématiques du président en sursis contre les syndicats, ceux-ci sont bien globalement des ennemis du candidat du peuple : « voici un autre syndicat qui … ». Et encore un, et un autre, et un autre !

 

Par cet acte partisan inadmissible, le Syndicat de la Magistrature viole ses propres statuts selon lesquels il a « pour objet de veiller à la défense (…) des principes démocratiques ».

Je ne me souviens pas avoir lu de communiqué de la France Forte fustigeant l’esprit partisan inadmissible de Laurence Parisot quand elle louait, il y a peu, le « boulot extraordinaire » effectué par Nicolas Sarkozy. Mon attention a sans doute dû flancher un moment. Plus drôle est le rappel des statuts du syndicat, censé pointer son incohérence : et si cela voulait justement dire que pour ces magistrats, c’est bien Nicolas Sarkozy qui met en danger les « principes démocratiques » ? C’est justement ce que dit le communiqué du syndicat : Sarkozy « n’a fait que bafouer l’indépendance de la justice, mener une politique partisane de nomination des magistrats et délégitimer les contre-pouvoirs ainsi que les institutions en charge de la probité publique ». Oups.

 

Par cette prise de position politicienne qui vient rejoindre celle des porteurs de drapeaux rouges, le Syndicat de la Magistrature déshonore le syndicalisme français et prend délibérément le risque de jeter le discrédit sur les professions judiciaires.

Les « porteurs de drapeaux rouges » : de même qu’ils n’hésitent plus à piocher dans le vocabulaire pétainiste pour habiller leurs discours (« la fête du vrai travail »), Sarkozy et ses porte-paroles tentent de ressusciter le folklore du couteau entre les dents pour provoquer un réflexe anticommuniste dans l’électorat. C’est ainsi que le président-candidat ponctue chacun de ses discours ou passages médias d’une évocation de François Hollande qui voudrait, le premier mai, « défiler derrière les drapeaux rouges » … alors que le candidat socialiste a annoncé de longue date qu’il commémorerait le décès de Pierre Bérégovoy. Quand le mensonge – habitude désormais systématique du sortant – se joint au manque de respect pour les morts.

 

Trahissant ainsi la vocation des magistrats de France qui sont, pour leur immense majorité, impartiaux, le SM n’hésite pas à bafouer sans vergogne le principe fondamental d’indépendance de la justice. Mais au-delà de la trahison indigne, ce sont aussi les derniers masques qui tombent.

Après le « déshonneur » et le « discrédit », la « trahison indigne » et les principes « bafoués » : on entend presque le bruit hystérique des doigts sur le clavier du permanent de service qui a commis cette prose. Quant au « principe fondamental d’indépendance de la justice », il est savoureux de le voir être brandi en étendard par le parti qui a voulu supprimer les juges d’instruction indépendants.

 

Après avoir passé cinq années à s’opposer à chacune des réformes et initiatives voulues par Nicolas SARKOZY pour mieux protéger les Français et après avoir pris systématiquement le parti des voyous contre les policiers et les victimes, le SM montre son véritable visage : celui du laxisme au service d’une idéologie, l’idéologie de l’excuse prônée par François HOLLANDE. Ce n’est donc pas un hasard si le Syndicat de la Magistrature soutient si activement François HOLLANDE : pour eux deux, les droits des criminels et des délinquants seront toujours supérieurs à ceux des victimes.

C’est le feu d’artifice final : Syndicat de la Magistrature = François Hollande = laxisme = « idéologie de l’excuse » = « le parti des voyous », contre les « victimes » et les « policiers ». Ceux à qui Nicolas Sarkozy, suivant Marine Le Pen, propose justement d’accorder la présomption de légitime défense, soit un genre de permis de tuer façon L’Inspecteur Harry. Si on pousse le raisonnement jusqu’au bout, le Syndicat est même co-responsable de la violence et de l’insécurité, puisque non content de protéger les agresseurs, il s’est même opposé aux réformes protectrices du président sortant. Dommage de ne pas l’avoir écrit en toutes lettres !

 

Le 7 mai au matin, quand la tension retombera et que chacun retrouvera ses esprits, osera-t-on encore se regarder dans un miroir à l’UMP ?

 

Romain Pigenel

Bien sûr @nk_m, la révélation sur Kadhafi est une « diversion » de la gauche !

« Gênée par le retour de Dominique Strauss-Kahn, l’équipe de François Hollande tente une diversion. Elle est grossière. », écrivez-vous, Madame Kosciusko-Morizet. Dans un communiqué que vous avez envoyé en tant que porte-parole de Nicolas Sarkozy, suite à la publication par Mediapart d’un document semblant prouver qu’un ordre de paiement de 50 millions d’euros avait été passé, par le gouvernement libyen, au profit de votre candidat en 2007.

 

Comment ne pas y avoir pensé plus tôt ! Mediapart, bulletin de liaison interne de « l’équipe Hollande », a volé au secours de cette dernière, alors qu’elle est en besoin désespéré de diversion.

Diversion sur l’accusation mensongère qu’a portée votre collègue Valérie Rosso-Debord contre Najat Belkacem, l’accusant à tort de faire actuellement partie du Conseil de la communauté marocaine de l’étranger, et donc d’être une sorte d’agent de l’anti-France, si on explicite un peu.

Diversion sur les accusations infondées et démenties de Nicolas Sarkozy, votre candidat, qui a prétendu que Tariq Ramadan, suivant un « appel de 700 mosquées », appelle à voter François Hollande.

Diversion sur les mensonges permanents et répétés du même, qui un jour organise une fête du « vrai travail » en niant le lendemain avoir jamais utilisé cette expression ; qui raconte être allé à Fukushima pour ensuite piteusement reconnaître qu’il ne s’est pas même approché de la centrale ; qui prétend avoir voté des lois … alors qu’il n’était même pas encore député.

Diversion sur les chiffres du chômage calamiteux qui viennent de tomber, ce chômage que vous nous aviez promis à 5% sous peine de sanction contre le président en 2007, et qui aujourd’hui s’élève joyeusement à 10%.

Diversion sur ce satané 45%, ce score auquel Nicolas Sarkozy reste désespérément bloqué dans les sondages, après avoir tout tenté depuis le 22 avril, et même vendu son âme politique en amincissant à l’extrêmec’est un euphémisme – la digue entre UMP et FN.

Diversion sur sa proposition d’accorder « la présomption de légitime défense », une sorte de permis de tuer, aux policiers, proposition directement piochée dans le programme de Marine Le Pen. Alors qu’il dit aujourd’hui n’avoir aucunement modifié son discours depuis le premier tour. Encore un mensonge !

Diversion sur l’autre mise en cause du jour dans votre camp, celle d’Edouard Balladur au sujet du financement de sa campagne de 1995, par son propre trésorier de l’époque, René Galy-Dejean.

Un peu de générosité, chère NKM ! Si vous aviez, dans votre camp, autant d’horribles informations à cacher que celles que je viens de récapituler, je suis sûr que vous emploieriez les mêmes moyens de diversion que la gauche hollando-mediapartienne.

Romain Pigenel

Bien entendu, Nicolas Sarkozy n’a pas d’arrière-pensée pour le 1er mai

C’est rassurant de se dire que, même dans un affrontement politique dur, total, on a face à soi un adversaire qui ne s’abaissera pas à porter des coups bas, sous la ceinture, à la déloyale.

 

C’est rassurant de se dire que Nicolas Sarkozy, malgré sa précarité politique et les faibles espoirs que lui laissent les sondages défavorables qui s’accumulent, n’est pas prêt à tout, qu’il y a des limites à ce qu’il pourrait envisager de tenter pour renverser une situation désespérée.

Non, parce qu’on pourrait se faire des idées, voyez-vous, quand on l’entend appeler, pour le premier mai, à une fête du « vrai travail » (ou « une vraie fête du travail », comme il l’a finalement corrigé, sous la pression, lors de Des Paroles Et Des Actes), en parallèle du défilé des cortèges syndicaux, et de la traditionnelle manifestation du Front National, qui prend une signification toute particulière cette année avec le bon score de Marine Le Pen.

On pourrait avoir de sérieuses craintes : à force de cogner comme un sourd sur les « corps intermédiaires », à force de cibler les syndicats, de se déchaîner contre la CGT qui soutiendrait plus François Hollande et Jean-Luc Mélenchon qu’elle ne défendrait les salariés, ne va-t-il pas chauffer à blanc les syndicalistes qui vont défiler le premier mai ?

Et à force de mettre de l’huile sur le feu de l’affrontement droite-gauche, d’hystériser et de radicaliser les soutiens qui lui restent en parlant d’Islam, d’immigration et d’assistanat parasitaire toute la sainte journée, ne va-t-il pas exciter leurs esprits au point de leur donner une sérieuse envie d’en découdre, et pas que verbalement ?

Quand on se représente ce à quoi va ressembler cette journée de mardi – frontistes d’un côté, syndicalistes et sympathisants de gauche d’un autre côté, sarkozystes de la « majorité silencieuse » et du « vrai travail » d’un autre côté encore – tout ce beau monde à déambuler à quelques rues ou arrondissements parisiens d’écart, on se dit qu’on tient, quand même, une belle marmite naturellement portée à ébullition.

Une marmite qui n’aurait pas besoin de grand-chose pour que son contenu déborde, à tous les sens du terme.

Et c’est là qu’on se dit : heureusement que l’on ne peut même pas une seconde imaginer notre président-candidat avoir cette vilaine idée en tête, dans une logique de stratégie de la tension, que de pousser à des dérapages, des affrontements, des échauffourées, pour produire d’effrayantes images télévisées et tenter, dans la dernière ligne droite, un « La France a peur » ou un « Le péril rouge-brun » de compétition. Le genre de divine surprise qui pourrait pousser les électeurs hésitants à se rassembler autour du Grand Protecteur Nicolas.

Franchement ! On n’est pas si mal loti, finalement, non ?

Romain Pigenel

Comment Nicolas Sarkozy aura finalement donné vie à la coalition arc-en-ciel … contre lui

Nul n’est prophète en son pays. Il y a 5 ans, lors de la dernière élection présidentielle puis du congrès de Reims du PS, plusieurs responsables socialistes, comme Ségolène Royal ou Julien Dray, avaient théorisé puis tenté de mettre en place une nouvelle alliance politique post-gauche plurielle : la coalition arc-en-ciel, regroupement de toutes les forces progressistes, des altermondialistes au centre et « aux humanistes », autour d’un grand parti socialiste rénové, et adossé au monde syndical et associatif. Ségolène Royal avait même ensuite, durant les primaires citoyennes de 2011, étendu ce programme d’alliance aux gaullistes, sous le nom « d’arc républicain ».

Ce beau projet était-il trop ambitieux ou en avance sur son temps ? Nourri par la naissance d’un MoDem souvent en opposition avec Nicolas Sarkozy, prolongé par des initiatives politiques comme le « Rassemblement social, écologique et démocrate » mis en place par les soutiens de Ségolène Royal, il ne parvint cependant jamais à s’imposer. La faute aux querelles internes du Parti socialiste à l’époque du Congrès de Rennes, la faute à la recomposition de la gauche avec la naissance du Front de Gauche, et surtout aux changements de pied permanents d’un François Bayrou tanguant à nouveau à droite après une première phase de rapprochement avec la gauche.

Du moins en était-il ainsi jusqu’à la présente campagne présidentielle. Car depuis quelques semaines, silencieusement, bout par bout, sans que personne ne le conceptualise vraiment, la coalition arc-en-ciel prend finalement forme, et son artisan (involontaire) n’est autre que … Nicolas Sarkozy.

Les centristes ? Outre les appels qui se multiplient de la part de cadres du MoDem à voter Hollande au second tour, on lira avec intérêt ce mail envoyé mercredi aux militants bayrouristes, et les incitant à relayer largement les critiques de leur ex-candidat contre Nicolas Sarkozy :

La gauche ? Les écologistes et le Front de gauche ont dès le soir du premier tour appelé sans réserve à voter François Hollande pour battre Nicolas Sarkozy. Robert Hue, ancien dirigeant du Parti Communiste, a quant à lui rallié depuis plusieurs mois la candidature PS.

Les gaullistes ? Progressivement, les anciens soutiens de Jacques Chirac et Dominique de Villepin glissent dans le camp Hollande : Brigitte Girardin, Azouz Begag, Dominique Versini, Corine Lepage … Sans même parler de la mise en mouvement de la famille Chirac, ex-première dame mise à part, en faveur du candidat socialiste.

 

Sans parler, non plus, des soutiens d’associations humanistes ou de syndicats qui se succèdent jour après jour, des mouvements LGBT à la CGT en passant par la LDH.

Touche par touche, un tableau d’ensemble finit par se dessiner : celui d’une alliance « humaniste » ou « progressiste », un front républicain du refus, qui a été rendu possible par un seul homme – Nicolas Sarkozy – et sa fuite à droite désespérée, du halal aux œillades de plus en plus insistantes au Front National. Qui a dit que son bilan était intégralement négatif ? Il pourra au moins mettre à son actif d’avoir réalisé une partie du projet politique de sa rivale malheureuse de 2007.

Romain Pigenel

Sarkozy et le FN : y a-t-il encore un pilote dans l’avion UMP ?

LUNDI 23, 20H. Chantal Jouanno ouvre le feu dans Le Point. « Les solutions radicales proposées par le FN ne sont pas les bonnes réponses. J’ai écouté Jean-François Copé ce matin. Certes, les questions d’immigration, de laïcité, de sécurité sont importantes, mais il ne s’agit pas des seuls fondamentaux de la droite traditionnelle ! Et ce ne sont pas les préoccupations majeures de nos concitoyens. Quand je vais tracter sur les marchés, les Français ne me parlent pas de ces sujets. Je crains que la droitisation ne soit qu’un mirage douloureux. » Que ferait-elle en cas de duel entre un candidat du FN et un candidat du PS au second tour des législatives ? « Ah bah moi, ma position, elle est très, très claire, moi. C’est pour les socialistes. ».

MARDI 24, 8H. Claude Guéant est l’invité de RTL. Peut-être soucieux, la défaite se précisant, de se racheter de ses œillades appuyées des derniers mois – en service commandé ? – à destination du FN, il reprend timidement la ligne Jouanno : dans un second tour FN-PS, « Je ne voterais pas pour le Front national ».

MARDI 24, courant de la matinée. François Fillon se déchaîne lors de la réunion (à huis clos) du groupe UMP à l’Assemblée Nationale. « Ces propos de Chantal Jouanno sont stupides et contre-productifs », explose-t-il – paroles confirmées « par son entourage », nous susurre l’AFP.  D’autres membres du groupe UMP prennent encore moins de gants : « C’est absolument scandaleux [...] Dire que le problème de l’immigration n’existe pas quand on fait son marché dans le VIe arrondissement, c’est facile », persifle Christian Jacob, patron du groupe parlementaire. « Les propos de Mme Jouanno sont inadmissibles. Quand on doit tout au président, on se tait ! », gronde pour sa part Chantal Brunel. Celle qui, il y a quelques mois, proposait de remettre « dans des bateaux » les réfugiés des révoltes arabes qui arrivaient sur nos côtes.

MARDI 24, après-midi. Nicolas Sarkozy à Longjumeau : le Front National est un parti, pas simplement légal, mais « compatible avec la République ». Zut, et dire que Claude Guéant venait de dire l’inverse il y a quelques semaines ! Problème de transmission entre l’Elysée et la place Beauvau ?

MARDI 24, Grand Journal de Canal+. François Fillon opère un parfait demi-tour à 180°. Voterait-il contre le FN dans un deuxième tour où le parti lepéniste serait présent ? « Bien sûr, mais la question ne se pose même pas ! […] Cette question, ça fait 20 ans qu’on vit avec et ça fait 20 ans que jamais, au grand jamais, les forces politiques auxquelles j’appartiens n’ont frayé avec le Front national, jamais ». Alors pourquoi dénoncer le matin même la « stupidité » de la même affirmation par Chantal Jouanno ? Peut-être le premier ministre en sursis s’est-il entretemps souvenu que c’était également la ligne suivie par … la propre porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy, NKM, à l’occasion des dernières cantonales : « S’il y a un deuxième tour FN-PS (que je ne souhaite pas) dans un canton, mais ça peut arriver dans un canton, il y en a des centaines en France, moi dans ce cas-là je dis clairement : on vote PS ». A l’époque, cette sortie de la députée de l’Essonne (auteure d’un pamphlet contre le FN) avait déjà fait tache face à la ligne de conduite générale préconisée par le patron de l’UMP, Jean-François Copé. Oui, on s’y perd un peu (beaucoup).


Quand NKM affirmait préférer voter PS plutôt que… par antennerelais

MERCREDI 25, France Info, 8H. Nicolas Sarkozy : « de ministres du Front National il n’y en aura pas ». Tout en précisant en même temps dans une interview accordée aux quotidiens de l’Association des journaux de l’Est de la France : « les préoccupations des électeurs de Bayrou et Le Pen sont les mêmes ». Ce qui lui vaut plus tard dans la journée une volée de bois vert de la part du président du MoDem, qui ne s’est toujours pas prononcé pour son choix de deuxième tour, mais enchaîne du coup les critiques contre le Président sortant, accusé de tenir des propos absurdes et offensants.

MERCREDI 25, RMC / BFM TV. Au tour de Rachida Dati d’amener sa contribution à la polémique : « ce qui est clair, c’est qu’il ne peut pas y avoir d’accord avec le Front national comme parti, et pas d’accord sur l’idéologie qu’incarne le FN […] Moi je crois aux mélanges, à la diversité, à l’enrichissement des cultures des civilisations justement par des apports extérieurs. Je ne vais pas aller dire on ferme les frontières et immigration zéro. Ca serait isoler la France ». Pendant ce temps, Hervé Morin donne son premier point presse depuis le retrait de sa candidature et appelle « les électeurs centristes et du FN » à voter Sarkozy. En voilà au moins un qui a dû se concerter auparavant avec le chef de l’Etat !

MERCREDI 25 toujours. Dans un entretien à Valeurs Actuelles et sur Europe1, le député de la « droite populaire », Lionnel Luca, s’inscrit en faux, très explicitement, contre NKM et Chantal Jouanno : même face au FN, « je ne voterai jamais socialiste ». En même temps, il dit ne « pas croire » pour les législatives à un accord UMP-FN, tout en glissant que des alliances « pourraient toutefois avoir lieu, au niveau local de façon très marginale ».  Comme cela se profile déjà avec le frère de Roselyne Bachelot, Jean-Yves Narquin, divers droite et ex-UMP qui vient d’annoncer sa candidature aux législatives sous l’étiquette « rassemblement républicain » – comprendre droite « classique » + FN ?

Les prochaines heures, prochains jours, devraient apporter leur lot de rebondissements supplémentaires à cette invraisemblable cacophonie qui, comme celle sur le halal il y a un mois, en dit terriblement long sur la campagne erratique de Nicolas Sarkozy, les tiraillements politiques dans son camp, et les arrière-pensées qui fleurissent inexorablement dans les esprits de ses lieutenants. Une question se posant plus que jamais : dans quel état le kamikaze de l’Elysée va-t-il laisser la droite, le 7 mai au matin ? Une droite dont la tête tourne tellement qu’elle n’a même plus de position claire sur le cordon sanitaire, ou front républicain, face au FN ?

Décidément, on en vient vraiment à regretter Chirac.

Romain Pigenel

Sondage OPIF-CoNS : les Français exigent bien trois débats d’entre-deux-tours

PARIS, FRANCE. François Hollande pourra-t-il longtemps tenir sur sa ligne de refus de plusieurs débats d’entre-deux-tours ? C’est la question ardemment posée par la dernière étude de l’Institut OPIF, réalisée en partenariat avec le CoNS (Conservatoire National du Sarkozysme), l’Agence de presse Variae et le mensuel Valeurs d’Antan.

 

Cette étude, réalisée le 23 avril du temps de midi par envoi de messages privés à plusieurs dizaines de comptes Twitter (notice disponible après le 6 mai à la commission des sondages), proposait aux Français de chiffrer le nombre optimal de débats entre Nicolas Sarkozy et François Hollande d’ici au 6 mai : 3, 4, 5, ou « plus encore ». Le résultat est sans appel : pour 85% des sondés, c’est bien le nombre de 3 débats qui est plébiscité, avec des résultats allant décroissant pour les autres options (4 : 10%, 5 : 3%, 32% des sondés ne pouvant répondre, n’ayant pas de compte Twitter).

L’étude OPIF-CoNS cherchait également à évaluer l’avis des sondés sur la qualité de l’information des électeurs sur la présidentielle. 76% estiment avoir été « plutôt mal informés » ou « vraiment mal informés » sur le scrutin et ses enjeux, les causes les plus fréquemment évoquées pour ce déficit informationnel étant le trop faible nombre d’émissions politiques (32%), des difficultés d’emploi du temps personnelles (25%), la pédagogie insuffisante des journalistes (21%) mais surtout le refus de François Hollande d’accepter plusieurs débats d’entre-deux-tours (89%).

L’étude OPIF-CoNS apporte enfin des précisions sur l’ordre actuel des priorités des Français. Pour 68% d’entre eux, c’est bien le fait d’obtenir « 3 débats ou plus » qui est prioritaire, suivi de « la patrie » (39%),  « l’impact du mariage gay sur le PIB français » (37%), « la différence entre le vrai travail et le faux travail » (34%), « les mensonges de François Hollande » (29%) et « la menace socialo-communiste » (17%). Viennent encore après, mais plus loin, « les risques du droit de vote des étrangers » (8%), « la sauvegarde de l’UMP » (4%), « Copé 2017 » et « Fillon 2014 » (1%). Les autres réponses (« le chômage », « le pouvoir d’achat », « la sécurité ») recueillent des nombres de réponses trop faibles pour être significatifs.

Romain Pigenel, pour l’Agence de Presse Variae